Mon Dieu, il m'aime !
Est-ce encore un rêve ?

Mon Dieu, Vous qui voyez mon âme,
Vous qui savez que jamais je n'ai cessé de l'aimer,
Mon Dieu, pourquoi faut-il
que tant de choses nous séparent
et me déchirent encore ?
Pourquoi a-t-il fallu que je blesse un coeur tout neuf
un coeur tout plein de moi
qui croyais l'avoir oublié
- au prix de tant de jours de lutte -
celui que j'aime depuis si longtemps
et qui m'aime aujourd'hui à son tour ?

Mon Dieu, qui voyez tout,
Vous voyez bien quelle est ma peine.
Souffrir encore - Ma mère a tant souffert,
et Vous-même, ô Mon Dieu ...
Cette souffrance, je l'accepterai
soumise à votre volonté.
Mais, Mon Dieu, pourquoi avoir permis
que je fasse souffrir à mon tour ?
Je ne rêvais qu'amour autour de moi,
j'ai donné la douleur.
Mon Dieu, combien je maudis cet aveuglement,
ce mensonge où moi-même,
par moi seule
je me suis enferrée,
ce refus d'écouter ...
et pourtant, non ! ce ne fut pas cela.
J'ai été sincère, Mon Dieu,
Vous le savez bien,
d'une sincère inconscience.
Je ne voulais qu'oublier celui que j'aime,
celui auprès de qui je ne suis rien,
et sans qui je n'ai pas de raison d'être,
celui dont je ne suis pas digne.

Mais ...
je me suis laissée aimer.
Et j'ai laissé se jouer cette comédie où nul ne rit plus.
Non seulement laissé se jouer,
mais faire partie de la distribution,
comme les enfants qui jouent à vivre,
et qui croient vivre
et ne savent pas qu'ils jouent ...

Mon Dieu, je suis votre enfant.
Je n'ai pas été assez cette enfant que Vous voulez que je demeure.
Mon Dieu, Mon Père, je reviens à Vous,
agenouillée par mon Ave Maria,
et je vous offre mes angoisses,
toutes mes années d'amertume,
d'attente,
de solitude,
mes nuits sans sommeil
et mes jours sans amour,
pour que s'apaise au coeur de celui qui a mal,
et que j'ai fait pleurer moi-même et par ma faute,
la blessure douloureuse dont il souffre aujourd'hui.

Mon Dieu, donnez-lui la grâce,
que sa souffrance ne soit pas vaine,
Mon Dieu, donnez-lui la paix,
même au prix de ma paix.
Donnez-lui l'oubli,
même s'il doit me haïr.

Mon Dieu, ne permettez pas que je vive loin de Vous.
Mon Dieu, faites-moi attentive.
Donnez-moi la volonté de vivre,
la volonté de réagir,
même si celui que j'aime
ne doit jamais être à moi.

Mon Dieu, donnez-moi la grâce
de ne jamais le décevoir,
d'être présente à lui
malgré la distance et le temps.

Mon Dieu, donnez-nous la clarté de l'esprit,
la lucidité du coeur.
Mon Dieu, je m'en remets à Vous
et à Votre volonté.

Mais, Mon Dieu,
Vous savez bien combien je l'aime !

12 février 63