Me voilà crucifiée au seuil de mon amour
comme un oiseau de nuit pourfendu en plein coeur,
et des larmes de sang tombent de ma blessure.
Et des larmes d'amour me recouvrent de sang.

Me voilà sur la grêve, inerte, agonisante,
comme un poisson de mer dédaigné du filet
et la vie peu à peu se retire de moi.
Et la nuit peu à peu enveloppe ma vie.

Me voilà m'enlisant dans les sables brûlants
d'un amour condamné à ne vivre jamais
et mon coeur étouffant sous la pression mortelle
Appelle en gémissant le néant à mon aide.

Me voilà papillon dont les ailes brisées
traînent, déchiquetées, dans la poussière froide,
et mes deux mains tendues attendent le soleil.
Et l'ombre du soleil n'en fait plus que deux poingts.

20 août 62