Fort-Royal (Martinique), 12 janvier 1828


Mes très chers parents,

Nous profitons pour vous donner de nos nouvelles par monsieur Blaché de Romans, ancien habitant de la Martinique. Sur la promesse qu'il nous a faite de vous remettre cette lettre en mains propres, nous n'avons pas hésité un instant de la lui remettre, pensant surtout au plaisir que vous éprouveriez de causer avec une personne qui nous connaît depuis longtemps.

Nous jouissons toujours, très chers parents, d'une parfaite santé, et la continuelle occupation à laquelle nous nous livrons entretient chez nous une santé et un contentement qu'on rencontre rarement dans ces climats.
Comblés dans nos désirs, assez favorisés par la fortune, nous travaillons sans cesse à conserver ses faveurs sans que cependant l'amour de l'argent nous fasse oublier nos devoirs jusqu'au point de sacrifier cette santé à son impulsion, et encore moins notre honneur qui nous est plus cher que la vie.
Enfin, nous sommes heureux
, très chers parents, puisse le Ciel vous combler comme nous de ses bienfaits et vous conserver longtemps à notre sincère amitié.

Bien des choses pour nous à tous les parents et amis, d'heureuses années pour vous et nos frères et soeur.

Croyez je vous prie à l'amitié sincère et à l'inaltérable attachement de vos fils.


Auguste Perriollat



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